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À la recherche de l’expédition perdue

2 octobre 2014 - Bruno Lamolet

En 1846, deux navires disparaissent en tentant de traverser pour la première fois les glaces de l’Arctique. Des scientifiques canadiens viennent d’en retrouver un.

Crédit : Allport Library and Museum of Fine Arts
Le Britannique John Franklin.
Crédit : Allport Library and Museum of Fine Arts

À l’aventure!
Au 19e siècle, les bateaux voyageant entre l’Asie et l’Europe doivent contourner l’Amérique du Sud. Le 19 mai 1845, le Britannique John Franklin quitte l’Angleterre à la tête de deux navires d’exploration et plus de cent hommes d’équipage. Son objectif : atteindre l’océan Pacifique en naviguant à travers les glaces de l’océan Arctique. S’il trouve un passage, appelé passage du Nord-Ouest, le transport de marchandises, et donc le commerce avec l’Asie, sera plus court et plus économique.

Deux navires spécialement équipés
Les navires de Franklin, l’Erebus et le Terror, sont de solides voiliers militaires reconvertis en bateaux d’exploration arctiques. Protégés des chocs contre les glaces par d’épaisses plaques de métal, ils sont aussi équipés de moteurs de locomotives à vapeur pour faire tourner une hélice de propulsion. En août 1845, les navires de Franklin rencontrent des bateaux de pêche à l’entrée de la mer de Baffin. C’est la dernière fois que l’on a des nouvelles d’eux.

Crédit : ThinkStock
Les navires de Franklin : Erebus et Terror.
Crédit : ThinkStock

Les secours s’organisent
En 1850, un navire envoyé à leur recherche trouve un message sur l’île arctique King William. On y raconte que les navires se sont fait prendre par la banquise et qu’ils sont restés coincés pendant plus d’un an et demi. Pendant ce temps, plusieurs hommes, dont Franklin, sont décédés. Finalement, tous les survivants ont décidé de quitter le navire et de marcher sur la glace pour atteindre la terre ferme. Le message a été rédigé par l’un d’eux en cours de route. Toutefois, aucun ne se rend à destination. Tous sont morts de froid, de faim ou de maladie.

Le passage du Nord-Ouest existe!
Après la disparition de l’expédition de Franklin, de nombreux navires sont partis à sa recherche. En 1850, le capitaine Robert McClure, à bord de l’Investigator, entre dans l’océan Arctique par le Pacifique, plutôt que par l’Atlantique. Le 26 octobre, il aperçoit l’île Melville. C’est là que l’explorateur William Parry s’était rendu en 1819 en arrivant de l’Atlantique. Cette observation confirme que le passage du Nord-Ouest existe. McClure et son équipage deviennent les premiers à le traverser : une partie en bateau (l’Investigator abandonné dans les glaces), puis en traîneau sur la banquise jusqu’à un autre navire arrivé de l’Atlantique.

1851, de grands navigateurs se réunissent pour organiser la recherche des membres de l’équipage et des bateaux de l’expédition Franklin.
Crédit : Stephen Pearce/National Portrait Gallery, London
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En 1850, Robert McClure se lance à la recherche de l’expédition Franklin. Il sera le premier à traverser le passage du Nord-Ouest.
Crédit : Bibliothèque nationale du Canada

Robots et sonars
Depuis 160 ans, il y a eu plusieurs tentatives pour retrouver les épaves. Le 9 septembre 2014, une équipe de scientifiques canadiens a annoncé la découverte d’une épave au fond de l’eau grâce à un robot sous-marin téléguidé. Des images ont été obtenues avec un sonar perfectionné : c’est l’Erebus, le navire militaire de la marine britannique, donc un navire de Franklin. Le 1er octobre, les archéologues ont confirmé qu’il s’agit bien de l’Erebus.

Cliquez sur la carte pour l’agrandir.

 

Un sujet d’actualité
Le passage du Nord-Ouest, que Franklin cherchait à travers les glaces de l’Arctique, est toujours important pour le commerce maritime entre l’Occident et l’Orient. De plus, le réchauffement climatique fait diminuer la quantité de glace. Il est donc plus facile de passer. Les nombreuses ressources naturelles du pôle Nord sont aussi plus faciles d’accès. Des pays comme le Canada et la Russie se disputent pour s’accaparer les plus grands accès possible à ces ressources naturelles, et pour contrôler le passage du Nord-Ouest.

Historique et politique
La découverte d’une épave de Franklin ne sert pas que la science et l’histoire. Le gouvernement canadien l’utilise aussi pour des raisons politiques : montrer aux autres pays que l’Angleterre, à qui appartenait le Canada à l’époque, était dans l’Arctique avant eux. De plus, les équipes de recherche déployées font en sorte que beaucoup de Canadiens sont présents en Arctique. Et l’épave a été déclarée site historique national. Ces trois éléments sont trois arguments pour dire aux autres pays : « Cette région de l’Arctique appartient au Canada. » Et ses ressources naturelles aussi!

 

Photo : Parcs Canada
Une photo des restes du navire. Photo : Parcs Canada
Photo : Parcs Canada
Une image de l’épave Erebus obtenue grâce à un sonar perfectionné. Photo : Parcs Canada

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici le premier clip de l’épave historique du navire de Franklin. Parcs Canada a utilisé un sous-marin autonome téléguidé.

L’épave d’Erebus, Les Débrouillards.